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Piraterie en Somalie

avril 23, 2009

La lutte contre le piratage (maritime) a provisoirement remplacé la guerre contre le « terrorisme » menée par l’administration américaine sous la présidence de Georges Bush. Ce nouveau sujet mobilise un grand nombre de pays. Une conférence qui a lieu aujourd’hui à Bruxelles à réuni 43 pays. A l’issue de cette conférence, les participants ont promis de débloquer un budget de 213 millions de dollars. L’objectif est la création d’une force de police de 10.000 hommes, une force de sécurité de 5.000 hommes, et le soutient à la mission de l’UA (Amisom) qui compte 4.300 hommes.

Malgré les discours (officiellement la lutte contre la piraterie n’était pas l’objet de la conférence) on peut rester sceptique sur une réponse qui semble exclusivement policière.

Quelques liens:

* Colette Braeckman, Interview du premier ministre belge, 22/04/2009
Il faut renforcer les structures politiques du pays

* Ishaan Tharoor, How Somalia’s Fishermen Became Pirates, Time, 18/04/2009
Les premiers gangs de pirates se seraient constitués pour lutter contre la violation des zones de pêche par des navires étrangers.

* Paul Serges Ntamack Epoh, Piraterie en Somalie : Quelles causes et quels remèdes ?, 22/04/2009
Une approche juridique de la question de la piraterie

* Rubrick Biegon, Somali Piracy and the International Response, Foreign Policy in Focus, 29/01/2009

* Polyblogue, Somalie La poubelle de l’Occident, 22/10/2008

L’empire Gazprom

janvier 7, 2009

Annoncée depuis des semaines la coupure à finalement eut lieu. Le 1er janvier 2008, la Russie a cessé de fournir du gaz à l’Ukraine. Le désaccord porte sur les paiements des livraisons et le prix du gaz. C’est l’occasion de revenir sur ce géant méconnu, Gazprom, premier producteur et transporteur mondial de gaz.

Naissance de Gazprom

Après la chute de l’URSS, l’industrie du gaz est le seul secteur économique qui n’est pas démantelé lors des privatisations. Le ministère de l’industrie gazière se transforme en société d’Etat en 1989 puis en société par actions en 1992. Rem Viakhirev devient PDG a la place de Viktor Tchernomyrdine en 1992, quand ce dernier accède au poste de Premier ministre.

Gazprom

L’autonomie de Gazprom est alors considérable. Les gazoviks (ceux qui ont fait toute leur carrière dans le secteur du gaz) forment un des clans les plus puissants dans la Russie de Boris Eltsine. Dans le chaos de la transition, l’entreprise continue à fournir du gaz à bas prix à toute la population et maintient en vie des pans entier de l’économie.

Mais l’opacité de la gestion permet des détournements importants et la vente de filiales à des prix dérisoires. Ces dernières sont rachetées par des proches des dirigeants de Gazprom.

Reprise en main par le Kremlin

L’arrivée de Poutine change la donne. En 2000 il fait rentrer Dimitry Medvedev, alors chef adjoint de l’administration présidentielle, dans le conseil d’administration de Gazprom. L’importance des détournements permet de faire partir les dirigeants Rem Viakhirev et Viktor Tchernomyrdine.

En 2001, Alexeï Miller, fidèle de Poutine et vice ministre de l’Energie devient PDG à la place Viakhirev. Des compromis sont trouvés avec les directeurs régionaux. Ce n’est qu’en 2005 que l’Etat devient actionnaire majoritaire avec 50,O1 % des voix.

Gazprom est désormais étroitement lié au pouvoir politique russe. L’intérêt est double pour Vladimir Poutine, alors président de la Russie:

  • garder un controle des ressources nationales face aux compagnies étrangères
  • avoir un outil essentiel pour peser sur la scène internationale

La stratégie de l’entreprise

Longtemps numéro 3 en bourse, derrière PetroChina et Exxon Mobil, l’entreprise espère devenir le numéro un mondial de l’énergie. Ses investissements ne sont pas limités au gaz mais également au pétrole, à l’électricité et au nucléaire. Gazprom possède de nombreux medias russes, une banque, des entreprises de construction.

Il n’y a pas une semaine sans une nouvelle annonce d’accord ou d’acquisition.

La dépendance croissante de l’Europe

La dépendance au gaz russe est très variable selon les pays en Europe. Si 33% du gaz consommé par l’Allemagne vient de Russie, ce taux monte à 58% pour la Pologne, 72% pour la Hongrie ou 76% pour la Grèce. La France et l’Italie ont une dépendance moins forte puisque 25% du gaz consommé est fournit par Gazprom.

Aujourd’hui la Russie, qui accusait l’Ukraine de détourner du gaz destiné au reste de l’Europe, annonce avoir stoppé toute livraison passant par ce pays.

Or l’Ukraine est un carrefour par lequel passent une grande partie des gazoducs qui alimentent l’Europe.

Pour avoir un contrôle complet sur le transport du gaz, l’entreprise russe a mis en oeuvre ces dernières années deux gigantesques chantiers:

  • North-Stream un gazoduc qui part de Saint-Petersbourg et parcours 1200 km sous la mer Baltique pour arriver directement en Allemagne.
  • South-Stream, avec 900km sous la mer Noire jusqu’en Bulgarie. A partir de là, une branche part directement en Italie et en Grèce, l’autre vers l’Autriche et l’Europe centrale. Ce chantier entre en concurrence avec le projet européen Nabucco.

L’année dernière l’Ukraine payait 179$ pour mille mètres cubes de gaz. Dans un premier temps la Russie exigeait 250$ mais demande maintenant 450$.

La crise révèle, au delà de la puissance et du monopole de Gazprom, une absence complète de politique énergétique commune en Europe. La commission européenne exige des pays européens une libéralisation complète, ce qui suppose une séparation entre transport et distribution du gaz. En revanche, pour Moscou il est pas question de se plier à ces règles qui obligeraient Gazprom à abandonner son monopole sur le transport et l’exportation du gaz russe.

Pour aller plus loin

* La nouvelle arme du Kremlin, Courrier International, Fevrier 2007

Entretien avec deux journalistes de Courrier International.

L’empire Gazprom, cet Etat dans l’Etat, est devenu un levier majeur de la politique de la Russie de Poutine

* Energie : « la vraie menace c’est la Commission Européenne, pas la Russie », Novosti, (via ContreInfo), 2008

Les Etats vont-ils perdre définitivement la possibilité d’orienter et d’organiser la reconversion hors des énergies fossiles ?

* «Gazprom veut être l’opérateur de référence en France»,Le Figaro, 2008-06-10

Interview du PDG de Gazprom Alexeï Miller sur la stratégie de l’entreprise en France.

* Du Caucase à l’Asie centrale, « grand jeu » autour du pétrole et du gaz, Régis Genté, Monde Diplomatique, Juin 2007

Cet article montre que la guerre du gaz n’est pas limitée a l’Europe. Dans le Caucase et l’Asie centrale, la rivalité entre les grandes puissances (Russie, Etats-Unis, Chine) peut aussi permettre une plus grande indépendance des petits, mais n’assure pas pour autant une amélioration dans le respect des droits humains.

Livre


Gazprom, le nouvel empire
, Alain Guillemoles et Alla Lazareva, édition Les Petits Matins, 2008

Somalie, poubelle de l’Occident

octobre 22, 2008

Ceux qui ont vu le film Gomorra se souviendront surement des mafieux italiens entassant en toute illégalité des centaines de futs toxiques dans une décharge sauvage. C’est un drame d’une autre ampleur qui touche la Somalie.

Dès 1990 de rares articles dénonçaient le dépot massif de déchets toxiques et nucléaires par des navires occidentaux sur les plages du nord de la Somalie. Entreprises et hommes d’affaire peu scrupuleux ont pu pendant des années profiter du chaos de la guerre pour déposer à moindre coût des déchets dangereux en payant chefs de guerre ou responsables locaux. Le traitement d’une tonne de déchets qui coute 1000$ en Europe ne coute plus que 8$ en afrique.

Ilaria Alpi et Miran Hrovatin, deux journalistes qui enquêtaient sur des trafics d’armes et de déchets nucléaires entre l’Italie et la Somalie ont été assassinés en mars 1994 au cours de leurs enquête.

En 1997 des investigations du journal Famiglia Cristiana et Greepeace révélaient le nom d’entreprises suisses et italiennes qui avaient versé 80 millions de dollars à des responsables somaliens pour le stockage de déchets.

En 2005 le tsunami a fait remonter une partie de ces déchets à la surface. Un rapport de l’ONU signalait un taux anormalement élevé d’infections respiratoires, ulcères et hémorragies inhabituelles parmi les habitants des villes Hobbio et Benadir. La pêche locale est la source principale d’alimentation. A ce jour, aucune étude ne semble avoir été réalisée pour pouvoir mesurer avec précision l’impact sur la santé des habitants de la région.

On peut regretter la disproportion entre l’importance demesurée accordée au faits divers de piraterie et le silence des medias sur ce sujet pourtant essentiel. Car l’enjeu dépasse largement les victimes de ces trafics. Il soulève le problème de l’inégalité Nord Sud et de la question du traitement des déchets dangereux qui sera incontournable dans les années à venir.

« Nous ne sommes pas des pirates, nous voulons juste protéger nos ressources naturelles marines. Certains pays veulent faire de nos eaux une décharge pour les déchets industriels de l’Ouest », a notamment argumenté le porte-parole, affirmant « avoir le soutien des communautés villageoises ».

(Pour le contexte de cette citation voir AFP, 28 septembre 2008)

Pour aller plus loin:

* Toxic waste adds to Somalia’s woes, NewScientist, 1992

* Somalia’s secret dumps of toxic waste washed ashore by tsunami, Time, 4 Mars 2005

* Un film est sorti en 2002 sur les 2 journalistes assassinés.

* Le tsunami renverse les poubelles radioactives du Nord sur les plages, RFI, 2005

* Rapport de l’ONU, 2005 (PDF)
http://www.unep.org/tsunami/reports/TSUNAMI_report_complete.pdf

Situation explosive dans le Caucase

août 5, 2008

La Georgie, pays situé entre la Russie et la Turquie, a retrouvé son indépendance en 1991 avec la chute de l’Union Soviétique. Officiellement l’Abkhazie et l’Ossetie du Sud font encore partie de la Georgie mais en réalité le gouvernement georgien n’a plus aucun contrôle sur ces deux régions. Ces dernières ont leur propre gouvernement et sont soutenues par la Russie qui espère ainsi garder le contrôle de cette zone stratégique.

Depuis plusieurs mois les incidents et provocations se multiplient des deux côtés. Attentats, échanges de tirs, maisons bombardees au mortier… La tension est si forte aujourd’hui qu’une guerre ouverte entre l’Ossetie du Sud et le reste de la Georgie semble proche.

En cas de conflit la Russie interviendra militairement pour soutenir l’Ossétie du Sud contre le gouvernement georgien. Les Etats-Unis et l’Europe soutiennent la Georgie mais cet appui est surtout diplomatique et non militaire malgré le rapprochement de la Georgie vers l’OTAN.

On peut voir au dela des conflits identitaires et politiques qui existent au niveau local un affrontement plus global entre la Russie et l’Ouest pour la maitrise d’une zone essentielle tant par son emplacement stratégique que par l’importance de ses ressources naturelles (acheminement de gaz et petrole).

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En vert le pipeline Baku-Tbilisi-Ceyhan

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