Depuis 15 ans, la guerre n’a jamais cessé au Kivu. Cette partie du Congo est situé à l’est du pays, contre le Rwanda et l’Ouganda. L’intensité des combats ces dernières semaines à obligé des dizaines de milliers de civils à quitter leur foyer dans cette région qui s’étend sur 125 000 km².
Déplacement massifs de civils
Début octobre, l’offensive du rebelle Laurent Nkunda à fait fuir de nombreux habitants la ville de Goma.
L’armée officielle du Congo (FARDC) est censée combattre les rebelles. Mais des militaires ont participé au pillage de la ville de Goma dans leur fuite face aux rebelles.
Aujourd’hui, 15 novembre, les rebelles sont présent massivement à Rutshuru, ont commis des exactions massives a Kiwanja et sont aux portes de Kanyayonga.
Les forces de la MONUC (soldats de l’ONU en RDC) sont totalement impuissantes et sont confrontées à l’incompréhension voir l’hostilité des civils.
Les populations qui fuient les zones de combats se retrouvent sur les routes et dans des camps de réfugiés.
Au manque d’eau, de nourriture et de soins s’ajoutent les exactions, viols et meurtres commis par des miliciens.
Il y aurait aujourd’hui 250 000 déplacés suite au violences des 2 derniers mois.
La responsabilité du Rwanda
Le congolais Laurent Nkunda est à la tête du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Il affirme lutter contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) pour protéger les congolais d’origine tutsi.
Les FDLR, sont des groupes d’hommes armés présents dans l’Est du Congo depuis le génocide au Rwanda en 1994. Beaucoup d’entre eux sont des génocidaires hutu ayant fuit le Rwanda en 1994.
Paul Kagame, président du Rwanda, récuse tout lien avec Nkunda. Mais l’Etat congolais (Kinshasa) dénonce le rôle joué par le Rwanda. Ce dernier semble en effet apporter un soutien logistique et militaire aux combattants de Laurent Nkunda.
On peut rappeler que lors des précédentes guerres le Rwanda, avait directement (occupation militaire) ou indirectement (soutien à des groupes armés comme le RCD-Goma) participé au pillage des ressources de la République Démocratique du Congo.
Un pillage qui arrange tout le monde
Le Kivu comme le reste du pays regorge de richesses naturelles. Les plus importantes sont l’or et le coltan. Ces ressources suscitent la convoitise de nombreux acteurs. Miliciens, hommes politiques, pays alentours et entreprises occidentales, tous espèrent en tirer profit.
Dans un entretien accordé à RFI, le congolais Kambale Malembe, dénonce un pillage qui semble profiter à de nombreux intervenants.
Une guerre qui nous concerne directement
Le coltan est un minerai très rare avec une demande toujours croissante. Il est utilisé pour fabriquer des composants électroniques, très utilisé dans l’aéronautique mais surtout dans les téléphones portables et consoles de jeu vidéos.
En 2002 et 2003 plusieurs rapports de l’ONU dénonçaient le pillage et le commerce illégal du coltan de RDC par les pays alentours et des entreprises multinationales.
Pour aller plus loin
- Ecouter l’entretien sur RFI de Kambale Malembe Orfèvre, dirigeant du Forum des amis de la terre au Nord Kivu
«Tout laisse croire que les groupes armés continuent à exploiter les richesses minières, parce qu’ils se concentrent dans les zones qui sont censées les contenir.» C’est la face cachée de la guerre qui ravage l’est du Congo Kinshasa depuis le 28 août dernier. Les belligérants se battent aussi, et peut-être surtout, pour garder le contrôle de mines d’or, de diamant et de coltan.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/106/article_73999.asp - L’ ONG britannique Global Witness vient de rappeler que, sur le terrain, les troupes congolaises et en particulier la 85eme brigade, cohabitent avec les FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) et se livrent conjointement à l’exploitation et à la commercialisation des minerais : « tous forcent la population civile à travailler pour eux ou à leur remettre leur production et leur extorquent des taxes. ».
Par ailleurs le général uruguayen Jorge Gonzales, observateur militaire de la Mission des Nations unies au Congo a déclaré avoir été le témoin de l’implication rwandaise dans les combats de la semaine dernière. Il a vu les forces rwandaises intervenir aux côtés des rebelles du général Nkunda avec des blindés et des pièces d’artillerie et assure que les rapports onusiens confirment la présence de soldats rwandais au sein du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), le mouvement de Nkunda.
http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2008/11/06/nouveau-sommet-de-la-mauvaise-foi-a-nairobi/
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Coltan Mining in the Democratic Republic of Congo: How tantalum-using industries can commit to the reconstruction of the DRC [PDF]
http://www.gesi.org/files/ffi_coltan-report_fr.pdf -
Dossier : Le pillage des ressources naturelles de la RDC
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/conflit-grands-lacs/pillage-ressources-naturelles-rdc.shtml -
Resume du rapport de l’ONU sur le pillage du Congo en 2002-2003
http://www.populationdata.net/pillage_rdc.html -
How rebels profit from blood and soil (Globe and Mail, 30 octobre 2008)
Unregulated trade in Congolese mineral wealth keeps warlords in business fighting a civil war and has made the remnants of Rwanda’s genocide squads richer than they’ve ever been
http://www.commondreams.org/headline/2008/10/30-7 -
Johann Hari: How we fuel Africa’s bloodiest war (The Independant, 30 October 2008)
Une traduction en françaisVoici comment nous alimentons la plus sanglante des guerres africaines (Par Johann Hari)
Livres
- Colette Braeckman,
Les nouveaux prédateurs. Politique des puissances en Afrique centrale, Fayard, 2003 - Jean-Paul Mopo Kobanda,
Les crimes économiques dans les grands lacs africains, Menaibuc, 2006 - Alain Deneault,
Noir Canada, pillage, corruption et criminalité en Afrique, Ecosociété, 2008